2013, Année André Le Nôtre

Voici 400 ans naissait le prestigieux paysagiste du Roi-Soleil, André Le Nôtre, premier grand architecte du jardin dit "à la française" (1613 - 1700).

Enfant du sérail jardinier, André Le Nôtre est élevé aux Tuileries dont son père et son grand père avaient la charge des jardins.

Adolescent, il étudie les mathématiques et l'architecture et suit les cours du premier peintre de Louis XIII, Simon Vouet.

Grâce à cet apprentissage pluridisciplinaire, André Le Nôtre aura l'oeil du peintre et de l’architecte qui lui permettront de maîtriser l'art de la perspective dans ses travaux de jardinage.

A 22 ans, il devient premier jardinier du frère du roi Louis XIV, Philippe d'Orléans, mais ce n'est qu'à la quarantaine qu'il déploie ses talents en créant pour le surintendant Nicolas Fouquet le Parc du château de Vaux (1653 - 1661).

Dès cette première création, Le Nôtre dispose les éléments de ses jardins dits "à la française".

Le tracé du jardin est géométrique : une allée centrale constitue l'axe principal avec des axes secondaires, des allées, des parterres, des bordures de buis imitant les motifs des tapis turcs, des bassins avec des eaux dormantes ou jaillissantes, des alignements d'arbres.

Tout est symétrie et étagé sur plusieurs niveaux pour accentuer l'illusion d'immensité. Tout est étudié pour qu'on puisse voir le jardin s'étendre depuis le château.

Pour Le Nôtre et ses contemporains, la nature aussi belle soit elle doit être dominée.

Ce n'est qu'en s'éloignant du château que la nature est autorisée à reprendre ses droits sous la forme de bois et de prairies.

Les broderies de buis avaient plusieurs vocations : des formes dessinées décoratives, mais aussi la formation d'un cadre végétal dans lequel venaient s'inscrire soit des massifs de fleurs, soit des fonds colorés de sable ou de gravillons.

Le 17 août 1661 est une date importante pour André Le Nôtre. Ce jour-là, le surintendant Fouquet organise pour le roi et ses courtisans une réception somptueuse à Vaux avec jets d'eaux, feux d'artifice, buffet des mille et une nuits.

Jaloux et furieux de voir tant de splendeurs alors que ses domaines sont vides, Louis XIV fait arrêter Nicolas Fouquet quinze jours après le bal.

[ [ "Depuis ce 17 août 1661, jour du bal, Vaux hantait le Roi. La cour entière avait admiré le château du surintendant, reconnu la magnificence de son propriétaire, sa capacité à créer en si peu de temps un chef-d'oeuvre édifié par les meilleurs maîtres du temps et fréquenté par les esprits les plus éclairés. Aussi Vaux demeurait-il encore une épine dans son coeur.

En comparaison, lui, Louis XIV, paraissait un roitelet qui se limitait à profiter des palais de ses ancêtres, se partageait entre la danse et la guitare, mais ne savait créer aucune oeuvre symbole de son pouvoir qui s'approchât, même de loin, du château de Vaux. (...)] ] Le jardin des cinq plaisirs Arnaud De Fayet

Obsédé par la beauté du jardin du chateau de Vaux, Louis XIV décide de créer une demeure qui glorifiera sa personne et la puissance de la France à Versailles.

Commence alors une épopée qui durera plus d'un demi-siècle. Pour ce chantier royal, Louis XIV fait appel au trio responsable de la réussite de Vaux le Vicomte : Louis Le Vau, l'architecte, André Le Nôtre, créateur des jardins, et Charles Le Brun, maître d'oeuvre de la décoration intérieure.

[ ["Monsieur Le Nôtre, vous m'instruisîtes, il y a quelques années, de l'art des jardins et je vous fis la promesse d'user de vos talents pour quelque projet que je pourrais avoir. Ce moment est venu, car j'ai résolu, par fidélité envers feu le Roi mon père, de faire de Versailles l'une de mes résidences. Vous avez traduit à Vaux un certain dessein, je désire qu'ici se reflète le pouvoir d'un roi et qu'aucun des aménagements que vous me proposiez n'ait d'égal ailleurs. Il me plairait que notre création devienne une référence pour le royaume et que l'on vienne l'admirer de mes plus lointaines provinces. Comme je sais l'amitié qui vous unit à M. Le Vau, vous travaillerez ensemble."] ]

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Avec Louis XIV, le jardin revêt un enjeu politique. Il marque la grandeur et la maîtrise du monarque.

Le désordre de la nature se doit d'être dompté pour laisser la place à la symétrie, à l'ordre et à la perspective. 

Louis XIV, collectionneur avisé de plantes et d'arbres, était si fier des jardins de Versailles, qu'il fit publier un livre sur eux, dont il rédigea lui-même plusieurs passages : Manière de montrer les jardins de Versailles.

Louis XIV raffole des cascades, des bassins, des jets d'eau qui jaillissent sur son passage et celui de ses invités. 

Le jardin est un lieu fête, un vaste théâtre pour les princes et les courtisans qui peuvent s'y promener, assister à des spectacles et des feux d'artifice.

Les arbres rigoureusement taillés composent une véritable architecture végétale.

Le jardin à la française, héritier du jardin à l'italienne, a une ambition esthétique et symbolique. Il porte à son objectif de corriger la nature pour y imposer la symétrie. Il culmine avec la création des jardins de Versailles et sera copié par toutes les cours d' Europe.

Il s'oppose au jardin à l'anglaise aux allées courbes, dans lequel on ne cherche pas à dompter la nature.

André Le Nôtre intervient en province dans des jardins privés et dans des cours étrangères.

Il intervient à Fontainebleau.

 A Saint-Germain-en-Laye

A Chantilly,

Pour découvrir la vie de Le Nôtre et sa relation particulière avec Louis XIV, je vous invite à lire le roman d'Arnaud de Fayet "Le jardin des cinq plaisirs".

[ [ "Dites-moi, monsieur Le Nôtre, comment donc voyez vous aujourd'hui un jardin royal ?" (...)

"Quand le Roi, dans toute sa majesté, descendrait de son palais visiter ses jardins, il progresserait de terrasse en terrasse pour découvrir chaque fois de nouvelles surprises. Il irait à sa fantaisie vers l'un des cabinets de verdure, aménagé sous les bois, pour s'y divertir, y danser ou se restaurer, à moins qu'il ne se rende avec sa suite à l'un des petits palais disséminés dans l'enceinte du parc.

Tout l'ensemble répondrait au dessein d'un grand monarque cherchant à refléter dans son séjour la gloire de ses victoires, la puissance de son gouvernement, le raffinement de ses goûts, l'étendue de son royaume.

Un tel projet exigerait une rigueur d'exécution à laquelle il faudrait veiller avec soin : les perspectives seraient corrigées, les forêts taillées, chaque point de vue nouveau dérobé jusqu'au dernier instant, des palissades de bois peints enserreraient l'exubérance des végétations, les fleurs changeraient chaque jour, les orangeries regorgeraient de plantes tropicales et rares.

Le Roi, qui se taisait en m'écoutant, soudain me demanda :

-Il faudrait de l'eau, monsieur Le Nôtre, beaucoup d'eau, où la mettrons-nous ?

- Un canal ?

- C'est ça, un canal, reprit-il, perdu dans sa vision.

- Un canal qui accueillerait la flotte venue des limites du royaume.

- Monsieur, vous m'avez compris !

C'est de ce moment, je crois, que naquit ma vénération pour le Roi et mon respect. Nous avions rêvé ensemble. J'avais trouvé mon maître, celui dont les projets m'ont toujours obligé à me dépasser, qui m'a conduit où il voulait aller. Année après année, ensemble, nous allions créer de la beauté, de l'espace, de l'élégance, nous allions étonner le monde en construisant la gloire du plus grand roi."] ]

Comments

[Julie]

les photos sont bien belles !