Le jardin éphémère à Metz 2015
METZ,
le jardin éphémère de la Place de la Comédie 2015
Que la reprise est difficile après quinze jours passés près de Perpignan !
Adeptes des english gardens et des jardins du Nord de la France,
ce n'est pas pour les jardins que nous sommes descendus dans le Sud en plein été.
Nous étions au mariage de notre fille avec un beau catalan
et cet heureux événement nous a permis de profiter de la côte vermeille.
Bien sûr, nous avons visité plusieurs jardins sur le chemin des vacances
mais partout la sécheresse a fait des dégâts.
Notre jardin n' a pas été épargné par ce désastre climatique.
Spectacle désolant du gazon grillé, des hydrangéas brunis et desséchés
et des plantes mortes.... assoiffées !
Pour résumer, c'est la CATA au jardin.
Alors passons vite à autre chose. Je vais vous montrer un beau jardin
installé à Metz sur la Place de la Comédie jusqu'au 30 octobre 2015.
"Ville fertile, jardins nourriciers"
Le jardin éphémère 2015 évoque "la métamorphose d'une ville béton vers une ville nature
bien au-delà d'une esquisse tramée de squares et d'alignements d'arbres."
Un premier cercle dans le jardin évoque la ville béton et son cortège de nuisances.
Plantation en cage, minéralisation excessive des sols,
(j'aime l'enrobé noir du recyclage de pneus mais qu'est-ce-que ça sent le gummi !)
densité des réseaux routiers, hyperfragmentation des terres avec... des murs et des clôtures,
pollution lumineuse excessive dans les quartiers urbains...
L'accroissement des surfaces urbanisées participe au recul des milieux naturels.
Et la ville laisse trop peu de place aux espaces verts.
Quatre français sur cinq vivent aujourd'hui dans une aire urbaine.
Même si la qualité de vie s'est améliorée depuis les années 1990,
la ville est perçue par beaucoup comme hostile à la nature,
ce qui n'est pas le cas à Metz, ville fleurie et verdoyante.
Pour nourrir la population toujours plus nombreuse qui vit dans la ville béton,
des cultures intensives se développent à la périphérie des agglomérations.
L'utilisation de produits chimiques (fongicides, engrais, pesticides...)
souvent liée à ce type d'agriculture nuit à la biodiversité et à la santé humaine
en polluant les sols, les nappes phréatiques et les cours d'eau souterrains.
Dans le jardin éphémère 2015, des caddies et des cagettes évoquent le transport
du lieu de production vers les centres de distribution, encore une pollution !
Les ricins apportent de la légéreté et une belle couleur pourpre dans le jardin,
j'aime bien cette plante au graphisme découpé.
Très tendance avec leur effet zen,
les bambous forment de belles haies bruissantes et lumineuses.
Quittons la ville béton et l'agriculture intensive pour découvrir la ville de demain :
LA VILLE VERTE.
Dans la ville verte, la nature ne se limite pas à des squarres et à des avenues bordées d'arbres.
La nature est partout.
Le jardin colonise les palettes, les bidons, les cagettes...
Peu importe le contenant ou le support,
le végétal peut s'épanouir partout pour produire un paysage vert.
Toitures vertes, toitures végétalisées,
la nature s'installe sur les toitures jardins.
Voici le Temple Neuf servi sur un plateau.
La végétation doit pouvoir courir sur les clôtures et les murs
pour former des tableaux de verdure vivants.
Verdissons nos murs !
Les couleurs dominantes du jardin éphémère 2015 sont vertes et pourpres.
Il est différent des jardins éphémères des années précédentes
car il y a moins de couleurs mais il est tout aussi beau.
(Il n'y a pas eu de jardin éphémère à Metz en 2014.)
le jardin éphémère 2013 "culture au jardin" c'est ici et ici ,
le jardin éphémère 2012, "ville en travaux" c'est ici et ici
Ce que j'aime dans le jardin éphémère 2015,
c'est le rythme de la verticalité dans les massifs.
Cultiver un potager sur son balcon, c'est simple et en plus, c'est très tendance.
Les citadins sont de plus en plus nombreux à vouloir cultiver des aromates
et quelques légumes sur leur balcon.
Un petit coin suffit pour faire pousser des plantes comme ici dans des paquets de terreau.
Là, une simple cagette accueille un mini potager.
Parti d'Angleterre, la démarche participative Incredible Edible,
nommée "Incroyables Comestibles" en France
tire avantage du moindre petit espace urbain pour cultiver fruits et légumes.
Il s'agit à l'échelle locale de changer de mode de production, de consommation
et au final de mise en oeuvre de la culture et du jardinage
pour produire près de chez soi fruits et légumes pour tous.
Plusieurs villes en France (Strasbourg, Clermont Ferrand, Lyon...)
ont relevé ce défi en visant l'autosuffisance alimentaire en 2020.
Bon moyen de reconnecter les gens à la terre,
les jardins partagés fleurissent dans les villes pour le plus grand bonheur de tous.
Un jardin partagé ne se décrète pas,
il prend son sens car il répond aux besoins et aux attentes des habitants d'un quartier.
Il y a actuellement six jardins collectifs à Metz
et chaque jardin est le fruit d'une création collective et concertée.
Aujourd'hui, le concept citoyen et solidaire est en marche
et la campagne se rebiffe en gagnant des lieux insolites dans les villes branchées :
toitures d'entreprises, d'hôtels, murs végétalisés de musées...
Le défi consiste à verdir l'existant.
" Faire avec la nature et le moins possible contre " Gilles CLEMENT
Le jardin éphémère 2015 propose de réinvestir les espaces construits,
circulés et industriels avec des lignes végétales
et d'accueillir la faune et la flore des champs candidates à l'immigration urbaine,
En ville, les obstacles naturels ou artificiels empêchent les déplacements de la faune et de la flore.
Pour que les échanges écologiques s'effectuent et que la biodiversité se développe,
il est primordial de restaurer des voies vertes,
sans interruption ni obstacle entre tous les espaces de nature.
C'est pourquoi les politiques actuelles d'aménagement urbain
tendent à ne plus isoler les "espaces verts" en ville mais à les relier les uns aux autres.
La trame verte et bleue ou corridor écologique
est une mesure du Grenelle de l'environnement pour enrayer le déclin de la biodiversité.
on rencontre d'ailleurs de plus en plus de voies aménagées pour le déplacement des animaux :
crapauducs, éco-ponts, cordes à écureuils, passages à faune souterrains ...
C'est une conception plus "naturelle" des plantations qui se développe en ville.
Finies les simples plantations d'arbres le long des rues
car un alignement d'arbres n'est pas un corridor écologique.
Le terme "écologique" suppose l'existence de plusieurs strates végétales
(plantes de sous-bois, arbustes, jeunes arbres...) et une continuité de pleine terre.
Pourquoi ne pas entourer les pieds des arbres d'un ourlet herbeux
et laisser des plantes grimpantes s'enrouler autour des arbres ?
Le jardin nourricier ne signifie pas uniquement ressource alimentaire,
il doit être un lieu de plaisir et de loisir.
Il participe au bien-être de tous, grands et petits.
Le jardin est à la fois espace de promenade et de récréation,
espace de découverte de la nature,
lieu d'échange, de partage et de pique-nique....
Le jardin, facteur de lien social, nous offre un temps de tranquillité au rythme des saisons.
"L'homme a un besoin plus vital d'arbres, de plantes et d'herbes
que de béton, de pierre ou de bitume ..." Philippe SAINT MARC 1971