Parc du château de la Roche Jagu [22260 PLOËZAL]
Le domaine de la Roche Jagu -en breton, le rocher qui pleure-
est situé à Ploëzal entre Paimpol et Pontrieux.
Il reste peu de chose du château de la Roche Jagu.
Aujourd'hui se dresse une forteresse militaire du XVème siècle rénovée,
l'ancienne conciergerie et les annexes ont été transformées en lieux de réception.
Après la tempête de 1989, le domaine a été réaménagé en tenant compte des vestiges médiévaux
et en préservant l'intégrité visuelle et écologique du domaine.
Le domaine de la Roche Jagu est un parc au profil médiéval.
Nous avons commencé la visite au rez-de-chaussée du château
par une exposition sur la vie au Moyen-Age.
Le premier étage accueille des expositions temporaires.
Le domaine de la Roche Jagu s'étend sur 74 hectares.
Début juin est l'époque idéale pour profiter de la floraison des rosiers.
Au coeur du jardin médiéval figurait toujours un rosier gallique.
Il symbolisait le sang du christ avec le rose soutenu presque rouge de ses fleurs.
La rose qui embaumait les jardins du Moyen-Age avait une floraison unique mais abondante.
Il faudra attendre les croisades pour que l'Europe cultive ses premières roses aux floraisons remontantes.
Lundi matin 5 juin 2017, il faisait frisquet et un grand vent était annoncé pour la fin d'après-midi.
A cause du mauvais temps, nous avons écourté la visite et raté une partie des jardins.
Notre gîte n'étant pas loin du parc, nous sommes revenus le 9 juin sous un beau soleil
pour découvrir le jardin médiéval, le potager et le verger.
Ce sont les barrières en bois, les palissades en osier qui attirent l'oeil en arrivant dans ce jardin médiéval.
Les palissades ont été doublées de conteneurs en fer
qui les protègent et facilitent l'entretien et le renouvellement des cultures.
Les plates-bandes surélevées du potager mélangent fleurs sauvages et légumes.
Début juin fleurissent les oeillets et les digitales.
Le jardin bouquetier cultive des fleurs sur des parterres bordés de buis.
Ce jardin clos est entouré de pommiers en cordons et de cerisiers.
Au Moyen-Age, les fleurs permettaient de fleurir les autels,
tresser des couronnes et joncher les allées lors des fêtes religieuses.
Les valérianes forment de belles vagues roses.
Au Moyen-Age, les jardins étaient clos afin de les protéger des animaux domestiques.
"celui qui ne pose pas de clôture, sème pour rien"
Des statues en fer forgé sont parsemées dans les jardins.
Ici dans une chambre de verdure entourée de rosiers trône une dame de fer.
Au Moyen-Age peu de plantes ornementales étaient cultivées hormis les roses, lys et iris..
Les rosiers lianes ne fleurissent qu'une fois mais quelle floraison !
Les branches du rosier courent sur la perfola en formant de belles guirlandes fleuries.
Il y a de jolies palissades avec des oculus.
Voir sans être vu
Le potager du Moyen-Age ne connaît pas les tomates, piments, pommes de terre et les haricots.
Il faudra attendre la découverte de l'Amérique pour connaître ces légumes.
Le potager médiéval ou "hortus" se subdivise en pothermes (plantes consommées après cuisson),
racines, légumes, condiments et aromates et cucurbitacées.
A la fin du Moyen-Age, le jardin est devenu un espace de plaisir
où dames et seigneurs se détendent, jouent et content fleurette.
Tonnelles et treillis fleurissent pour former de véritables cabinets d'amour
où se retrouvent les acteurs de l'amour courtois évoquant
les illustres amours de Tristan et Yseult ou d'Héloïse et Abélard.
Rien de tel qu'un banc sous la tonnelle de roses pour méditer ou se reposer.
Les hôtes à insectes dans le jardin sont surtout là pour sensibiliser les visiteurs.
Dans le domaine, les tas de pierres sèches, les fagots de bois sont des abris naturels
pour les insectes et les batraciens.
Les zones enherbées sont gérées de manière différenciées dans le verger
avec des zones de fauche et une partie sauvage.
En toute saison, les amphibiens et les rongeurs trouvent des recoins touffus pour déambuler
et se mettre à l'abri. Cela favorise la biodiversité.
On peut faire une pause dans ces fauteuils taille XXL.
Une pie surveille je n'sais quoi.
Il est encore tôt pour picorer la reinette de Pontrieux, cette variété de pomme ancienne et locale.
Le jardin des simples est consacré aux plantes aromatiques, condimentaires et médicinales.
Le terme de "simple" désigne le remède obtenu avec une plante unique
par opposé aux préparations composées dites "magistrales" des apothicaires.
L'achillée est la reine de la cicatrisation.
La rue a une odeur peu plaisante. Elle était utilisée pour repousser insectes et rats des maisons,
servait de vermifuge et passait pour améliorer la vue.
La sauge stimule le foie et l'estomac, atténue les maux de gorge et lutte contre la dépression..
Le millepertuis androsème est traditionnellement reconnu pour ses propriétés antiseptiques,
diurétiques et sédatives.
Encore une jolie silhouette en fer forgé.
En s'éloignant du château pour aller dans la forêt,
on longe un bassin aux chevaux, l'une des plus grandes réserves d'eau du domaine.
Des haies de houx forment des garde-corps efficaces:
on s'y frotte une fois mais pas deux !
Les sentiers de la forêt traverse une végétation exubérante.
La gestion écologique du parc laisse s'exprimer la flore indigène et notamment
celles surnommées les mauvaises herbes : ortie, digitale, herbe à Robert (géranium)...
Ces plantes participent à la diversification des hôtes qui colonisent le parc
(mammifères, insectes, batraciens, invertébrés...)
La démarche écologique pratiquée par le domaine permet de préserver l'habitat naturel
et contribue à sa bonne évolution.
Partout dans le domaine mais aussi dans les autres jardins des côtes d'Armor
pousse une plante qui semble être invasive.
Des feuilles rondes, une tige avec des épis jaunes pâles,
il s'agit du nombril de Vénus, hé oui rien que ça (Umbilicus)
Aussi appelé "herbe aux cors", la plante soignait les brûlures et les panaris.
Au cours de la promenade nous sommes surpris de découvrir une palmeraie
qui abrite palmiers, oliviers, cystes, fougères arborescentes...
Exposé sud-sud-ouest, c'est l'endroit le plus chaud du domaine.
Bizarre un tel jardin dans la forêt ? Non,
la palmeraie est un hommage aux marins d'autrefois qui rapportaient de leurs voyages
des graines, des arbustes et des plantes exotiques.
L'eau est omniprésente dans le domaine et en descendant vers le vallon,
on aperçoit la source naturelle du Stanko qui signifie "étang" en breton.
L'eau descend un escalier d'eau.
Voici la vue d'en haut
Ils sont amusants ces sièges en fer forgé.
Des "fascines", ces barrières vivantes d'osier, bordent les sentiers
et rappellent l'histoire du domaine.
Le château-sentinelle contrôlait au Moyen-Age la navigation sur le Trieux.
En contrebas du chemin, nous découvrons camouflés parmi les fougères et les digitales
de drôles de bassins couleur chlorophylle.
L'eau n'est pas ragoutante, quésako?
Hé non ce ne sont pas les bassins de chewing-gum du film "Rabbi Jacob" avec Louis de Funes.
Ce sont des bassins de rouissage qui rappellent que la culture et le commerce
des plantes textiles étaient prospères dans la région de la fin du Moyen-Age jusqu'au XXe siècle.
Le rouissage est la macération que l'on fait subir aux plantes textiles (le lin, chanvre..)
pour faciliter la séparation de l'écorce filamenteuse d'avec la tige.
L'un des postulats du projet d'aménagement du domaine était de déterminer
les chemins en fonction des pentes naturelles du terrain.
La balade est sportive mais tellement agréable dans ce cadre naturel.
Au cours de la promenade, nous sommes passés sous plusieurs pergolas
mais aucune n'était fleurie début juin.
La situation du château permet d'avoir un point de vue exceptionnel sur le Trieux
et les espaces boisés environnants.
Laisser la campagne respirer en donnant toute sa place à la végétation naturelle,
le concept pédagogique du domaine du château de la Roche Jagu est intéressant et parfaitement réussi.