Le jardin de Berchigranges [88 ] GRANGES SUR VOLOGNE
Dans un des derniers billets, j'annonçais qu'on allait visiter un jardin dans les Vosges.
Sur le moment, j'avais hésité -par superstition- à indiquer ce qui n'était qu'un projet.
J'aurais du écouter mon intuition car si on est bien parti dimanche 9 mai dans les Vosges,
on a du faire demi-tour en cours de route après qu'un message
sur le tableau de bord ait signalé un problème de batterie.
Allez chercher un garage ouvert un dimanche dans les Vosges !
On a joué la prudence en faisant demi-tour et en rentrant- un peu contrariés- à la maison.
Ca fait quand même deux heures de route aller-retour pour rien, pas écolo tout ça !
Et y aller en vélo, ça fait loin, on n'a pas les mollets assez costauds !
Cela dit, on a bien fait car une fois arrivé, la voiture n'a plus voulu redémarrer.
Sur le moment, c'est râlant mais ce n'était que partie remise.
Finalement, malgré le temps incertain, pluvieux et venteux,
on est reparti dans les Vosges jeudi de l'ascension bien décidés cette fois-ci
à arriver au jardin de Berchigranges.
Notre détermination a été récompensée car nous avons passé un bon moment dans le jardin.
La distance avec les autres visiteurs nous a permis de laisser tomber le masque
et de respirer à pleins poumons le bon air vivifiant des Vosges.
Et si la visite a commencé sous le parapluie, le soleil a rapidement fait son apparition
nous permettant de profiter dans des conditions idéales de ce petit paradis.
On peut venir n'importe quand dans l'année, la maison fait toujours le même effet.
Elle apparaît comme le chalet du bonheur tout droit sorti d'un conte de fée.
Ses murs peints de bleu, son bow-window surplombant la colline fleurent bon le cottage,
elle est élégante et charmante.
C'est la troisième fois qu'on visite ce jardin mais à chaque fois,
(cf. ICI la visite du jardin en été 2014)
c'est la propreté du jardin, le soin apporté aux finitions qui m'épatent.
Rien à envier au gazon anglais.
Les allées sont de belles moquettes vertes et épaisses aux bords bien délimités avec les massifs.
Elles attirent l'oeil et guident le regard jusqu'aux arbres qui ferment le jardin.
Je n'ose pas imaginer le nombre d'heures de tonte et de taille des bordures rien que dans une semaine !!
Si les jardins se visitent à toutes les saisons,
il y a des périodes où les floraisons sont plus ou moins intéressantes.
On est arrivé au bon moment pour profiter de la floraison des jonquilles.
[Voir ICI le billet sur les narcisses]
Je dis jonquilles alors que ces charmantes fleurs sont en réalité des narcisses.
Narcisse est le terme approprié pour la majorité des bulbes
qui pousse naturellement et densément dans les Vosges
même si dans le langage courant, le narcisse trompette jaune est appelé jonquille.
La jonquille est une espèce de narcisse qui pousse en région méditerranéenne.
La Covid a chamboulé la célèbre fête des "jonquilles" de Gérardmer.
Initialement prévue le 11 avril 2021, elle a été reportée en avril 2022.
Contrairement au printemps 2020 chaud et ensoleillé,
la fraîcheur, la pluie et le vent caractérisent 2021 et les giboulées débordant sur mai
ont retardé la floraison des narcisses encore en fleurs le 13 mai.
Si les narcisses assurent le spectacle, il faut ralentir le pas et se baisser pour admirer
d'autres plantes plus discrètes mais tout aussi charmantes qui colorent le jardin.
Plante des rocaille, l'anémone pulsatille adore les sols secs
L'erythronium et l'euphorbe aiment les sols bien drainés.
Cousine du perce-neige, le leucojum ou Nivéole de printemps
a de jolies corolles blanches ourlées d'un liseré vert.
Difficile d'imaginer que l'aménagement du jardin est artificiel. Le site était une ancienne carrière et
Thierry Dronet s'est donné beaucoup de peine à déblayer les lourds blocs de granit.
Il y en a des années de travail consacrés à la mise en forme de la terre en plusieurs niveaux,
au défrichage et à la redistribution des roches et à la gestion de l'eau.
Le terrain était une moraine glaciaire d’où sortaient d’innombrables ruisseaux et l'eau était partout.
"On la trouvait dès que l'on creusait à 50 ou 60 cm.
Elle était incontrôlable ; passait là où elle voulait se frayer un chemin.
Il y avait des résurgences sporadiques. Des parties de gazon ont été complétement arrachées.
C'est un combat perpétuel. Il a fallu 7 ou 8 ans pour l'apprivoiser.
L'étang existant - les granitiers avaient besoin de beaucoup d'eau pour refroidir leurs outils- était comblé.
Il a été agrandi, puis une autre pièce d'eau a été créée pour qu'il n'y ait plus de débordements.
Nous avons aussi réalisé des petits départs de ruisseaux.
En cas de gros orages, je vais -dit Thierry- déplacer quelques pierres.
Nous vivons en symbiose avec la nature, nous essayons de nous entendre au mieux avec elle".
Voici quelques unes des plantes qui apprécient les sols frais et humides.
La lumineuse renoncule
La fougère, si présente dans les Vosges,
où l’empreinte forestière reste forte et où l’humidité est prégnante tout au long de l’année.
Cousin de l'arum, le lysichiton offre un spectacle étonnant dès le mois de mars
avec ses grandes fleurs jaunes ou blanches selon l'espèce.
Les feuilles apparaissent après la floraison.
Il existe deux espèces de lysichiton, le blanc et le jaune.
Le lysichiton blanc (Lysichiton camtschatcensis) originaire d'Asie.
Le lysichiton americanum, aux fleurs jaunes
fait partie de la liste des plantes exotiques envahissantes pour l'union européenne,
cette plante est donc interdite à la vente depuis 2016.
Avec ses grosses feuilles rondes,
le petasite japonicus est une plante de croissance rapide.
Avant l’apparition du feuillage, ses inflorescences globuleuses
s'allongent au printemps en épis garnis de petits capitules crème odorants,
La prêle du Japon a des tiges vert clair lumineux
et sa silhouette est très graphique.
Avec la tonte des pelouses, la taille des haies représente également un sacré boulot.
Imaginez les heures de taille pour garder les lignes bien nettes !
On n'avait pas encore vu le jardin des mousses et j'ai adoré.
Le soleil qui joue entre les feuillages illumine le sol moussu et crée un effet enchanteur et joyeux.
Avec ce jardin des mousses, Monique et Thierry Dronet ont voulu démontrer
la réversibilité des dommages causés par la monoculture sylvicole intensive.
A cet endroit, il n'y avait que des résineux qui étouffaient presque toute autre vie.
Après l'abattage des épicéas,
les mousses prélevées aux alentours ont été plantées et depuis,
« Chaque année, de nouvelles espèces d'oiseaux reviennent »,
s'émerveillent les jardiniers de Berchigranges.
Il existe environ 13 000 espèces de mousses.
On les trouve habituellement sur les sols humides, les rochers ou les troncs d’arbres,
et parfois en eau douce et même sur les bancs à Berchigranges.
Contrairement aux plantes plus évoluées,
les mousses n’ont pas de racines ni de tissus spécialisés
dans le transport de l’eau et des substances nutritives.
Elles se nourrissent en absorbant l’eau et les sels minéraux directement par leurs tiges,
leurs feuilles et leurs rhizoïdes. Les mousses ne possèdent pas de fleurs.
Si on veut en savoir plus sur les mousses et le jardin de Berchigranges,
on peut prendre le temps de feuilleter les magazines à la disposition des visiteurs
dans la bibliothèque bleue en bas du jardin.
On peut aussi se poser sur les bancs installés dans le jardin
En partant, on peut acheter des plantes dans la pépinière de Monique et de Thierry.
Notre 1ère visite de jardin de l'année nous a enchantés et revigorés.
Dans le prochain billet, on quittera la Lorraine pour retourner en Normandie
visiter les jardins du château de Brécy [14480 Creully sur Seulle]
Alors à bientôt