Les jardins d'AINAY-Le-VIEIL [18200] AINAY-LE-CHATEAU
A une cinquantaine de kilomètres au sud de Bourges,
le château d'Ainay-Le-Vieil dresse sa silhouette riche de 9 tours,
de remparts crénelés avec meurtrières et chemin de ronde.
Surnommé le "Carcassonne du Berry", c'est une forteresse de plaine édifiée au XIIIème siècle.
Classé monument historique, il fait partie de la Route Jacques-Cœur,
cette route qui traverse le Berry en faisant étape dans des sites touristiques emblématiques.
La propriété abrite un parc de près de 7 hectares, composé notamment d'une roseraie,
d'une île de forme carrée et de cinq chartreuses.
Les jardins sont reconnus comme monument historique et classés comme Jardin remarquable.
L'allée qui nous conduit aux jardins est bordée de graminées et d'hydrangéas.
De jolies sculptures en acier de l'artiste Véronique Wirth sont exposées dans les jardins
et le mariage du métal et du végétal est très réussi.
Ici la sculpture "Wakantha" de 250 cm.
Nous voici dans le jardin que j'appelle celui des arrondis.
Tout est rondeur, arcade, ondulation.
Nous passons sous les tonnelles et cheminons entre des vagues de buis
ceinturant des solidagos, ces verges d'or aux inflorescences lumineuses et dorées.
Non seulement ces fleurs ajoutent une touche de couleur vive dans les massifs,
mais elles sont également une source précieuse de nectar pour les abeilles
et autres pollinisateurs à la fin de l'été quand les ressources florales commencent à se faire rares.
La roseraie a été créée suite à la tempête de 1984 qui a dévasté le parc.
Des arbres centenaires remarquables ont été arrachés laissant un spectacle désolant.
Après deux années de nettoyage, la question s'est posée de recréer à l'identique
le parc paysager du XVIIIème siècle ou d' inventer quelque chose de nouveau.
Finalement, c'est le projet ambitieux de créer des jardins thématiques
conçus autour des jardins d'eau de la Renaissance qui a été adopté.
La roseraie a été conçue pour mettre en valeur les roses anciennes qui n'étaient alors plus à la mode.
Elles ont été choisies pour leurs qualités esthétiques, leurs parfums,
et en hommage aux créations horticoles du passé.
Si les roses anciennes sont très belles, elles sont malheureusement à floraison unique.
Non remontantes, elles n'ont qu'une seule floraison, exceptionnelle certes mais unique!
Même si des roses modernes ont été introduites pour créer une fleurissement permanent,
il y avait peu de couleurs dans la roseraie le 25 août 2024.
Pour profiter pleinement de la beauté d'un jardin, il faut le visiter à toutes les saisons.
C'est fin mai-début juin que la roseraie dévoile la beauté de ses variétés anciennes.
On quitte cette première partie de jardin en passant devant un pavillon Henri IV.
Un pont de pierre conduit au grand carré de l'île.
Une passerelle rejoint les chartreuses.
Le carré de l’île occupe une surface de un hectare.
Il est bordé d'une structure de charmes taillés en haute palissade.
Au centre, une allée ponctuée d’ifs et des topiaires mènent aux chartreuses.
Avant la configuration actuelle, la place était occupée par un potager entouré de différentes variétés de pommiers, c'était un véritable conservatoire de la pomme.
Des canaux de 120 mètres de côté irrigués par un ruisseau entourent le carré de l'île.
Il y a de nombreuses topiaires en if dans le jardin dont beaucoup sont surmontées d'un oiseau.
S'étendant sur 4000 m², les chartreuses sont des chambres entourées de murs
d'environ 4 mètres de hauteur.
Elles évoquent l'évolution de l'art des jardins en France, chacune interprétant une époque.
Avant la création des chartreuses, les murs étaient conçus pour créer une succession de microclimats
permettant d'étaler dans le temps les productions de fruits.
Les jardins à la française de Le Nôtre.
Les parterre des broderies de buis évoquent les jardins à la française de Le Nôtre
en reproduisant trois caractéristiques de ses jardins.
- Le parterre de broderies décrit des volutes et reproduit des fleurs de lys,
- les topiaires d'ifs sont taillés très serrés
- les treillages bleus sont inspirés de Versailles.
Sur les murs et devant les treillis, des roses et des fleurs blanches tranchent sur le vert ambiant.
Le bassin central est fait d’ifs.
Le treillis se dresse de façon théâtrale devant la perspective des canaux.
Dans une niche se dresse la sculpture de Pomone, la divinité des fruits.
[[Cette nymphe est la divinité des fruits.
Elle déteste la nature sauvage et préfère les jardins soigneusement entretenus.
Aucune nymphe ne connaissait comme elle l'art de cultiver les jardins et surtout les arbres fruitiers.
Elle n'était pas isolée du monde mais seules quelques personnes pouvaient l'approcher.
Au départ, elle refusa donc de recevoir " Vertumne ", divinité des saisons et des arbres fruitiers,
éperdument amoureux d'elle mais elle finit par lui donner sa préférence.
En effet, celui-ci trouva la ruse adéquate pour l'approcher et lui parler : déguisé en vieille femme,
il vint complimenter Pomone sur les fruits de ses arbres.
Les poètes l'ont dépeinte couronnée de feuilles de vigne et de grappes de raisin...]]
Facebook, Jardins d'Ainay-Le-Vieil
On passe d'une chartreuse à l'autre en passant sous des arcades.
Le jardin de la Renaissance
Le cloître des simples évoque le jardin de la Renaissance avec son promenoir en tilleuls.
Entourant le puits, des pommiers taillés en roues, en plateaux superposés
ou en arbres de Mai évoquent la mode de cette époque
où l’on aimait donner de belles formes inhabituelles aux arbres.
Le jardin accueille des simples, ces plantes médicinales, tinctoriales,
condimentaires et mellifères.
Le curry, le pastel...évoquent les innombrables plantes importées en France à la Renaissance.
Le jardin du Moyen-Age
Ce jardin de la méditation évoque le Moyen-Age.
Une cabane en ifs, des parterres de buis, une fresque portant Saint François d'Assise parlant aux oiseaux
invitent au calme et à la réflexion.
En 2025, fini les bordures de buis qui sont attaquées par la pyrale du buis.
Depuis plusieurs années, tous les jardiniers craignent la pyrale du buis
qui peut faire des dégâts irrémédiables dans les jardins.
Dans un article paru le 21 mai 2025 sur le site du château et des jardins d'Ainay-Le-Vieil,
on apprend que tous les buis de bordure ont été remplacés dans les jardins :
[[ Afin de lutter définitivement contres certaines maladies et autres parasites,
dont la violente pyrale du buis,
nous avons entrepris de nombreuses modifications dans nos jardins et la roseraie.
Si nous avons conservé nos grands buis taillés en topiaires, en collaboration
avec l’architecte de jardins Frédéric Sichet, nous avons remplacé la totalité de nos buis de bordures
par du fusain japonais à petites feuilles dans la roseraie et la 3e chartreuse,
du Lonicera Nitida Ernest Wilson dans la 2e chartreuse
et du Better Buxus Renaissance et Little Gem dans la 5e chartreuse
afin de reproduire fidèlement le dessin du parterre de broderie.
Cette variété récente de buis a d’ores et déjà fait ses preuves dans les jardins des châteaux
de Villandry et de Vaux-le-Vicomte.
S’ils résistent mieux à la pyrale, ils ne craignent pas les attaques intempestives des champignons
dues notamment à l’alternance prolongée de chaleur et d’humidité
dont nous avons beaucoup souffert l’année dernière.]] cf ICI
Le jardin de La Quintinie
Le verger sculpté et ses formes fruitières s'inspire de celui créé au XVIIème siècle au potager du roi à Versailles par le grand jardinier La Quintinie.
Les poiriers et les pommiers sont taillés en cordons, arcades et colonnes.
C'est un ouvrage de compagnonnage, le château à insectes surnommé ainsi à cause de sa tour
a pour rôle de favoriser la biodiversité locale et d’attirer des insectes auxiliaires bénéfiques :
coccinelles, petites abeilles, perce-oreilles, syrphes, chrysopes, cochenilles farineuses.
Les insectes auxiliaires lutteront de façon naturelle contre les parasites et permettront d’assurer une bonne pollinisation remplaçant ainsi l’utilisation de pesticides dommageables pour l’environnement.
Les jardins anglais
Le jardin bouquetier avec ses vivaces et annuelles est un clin d’œil aux mixed-borders anglais.
Fin août, les hydrangéas ont une floraison exubérante ravissante.
On quitte les chartreuses pour nous diriger vers l'allée des poètes.
Dans « l’allée des poètes » sont exposés 35 poèmes parlant de nature, de fleurs et d’amour
écrits par les plus grands poètes français du Moyen-Âge à nos jours, de François Villon à Paul Eluard.
Mon préféré est celui de Saint Exupéry.
Dans « l’allée des poètes » ont également été installés 35 mangeoires et nichoirs.
Les hirondelles, martinets, étourneaux, rouges-gorges, mésanges, moineaux ...
ont un nichoir qui leur est destiné puisque la taille de l’ouverture du nichoir est adaptée à chaque espèce.
Et pas de danger pour les oiseaux, le majestueux chat multicolore est en bronze.
A l'extrémité de l'allée des poètes, on peut découvrir un kiosque, cet élément d'architecture légère,
destiné à l'agrément et dont la mode a été rapportée du Moyen Orient en Occident au XVIIème siècle.
Nous avons passé un moment très agréable dans les jardins du château d'Ainay-Le-Vieil.
Il faudra y revenir fin mai-début juin pour admirer la roseraie.
A bientôt pour de nouvelles balades.