Les jardins perdus d'Heligan en Cornouailles anglaises
Depuis la fin des années 1500, les jardins perdus de Heligan appartiennent
au domaine de Tremayne, évoluant et devenant plus extravagant à chaque génération.
Les premières plantations datent du XVIIIe siècle et
au XIXe siècle, les infrastructures se développent,
avec un réseau de tuyaux souterrains pour chauffer les végétaux pendant l’hiver.
La famille Tremayne, installe des serres pour faire pousser des melons
et des murs pour abriter les plantations.
Les descendants prennent l’habitude de contacter les chefs d’expéditions maritimes,
qui reviennent d’Amérique du Sud ou d’Orient, pour leur demander de leur ramener
des graines et des plantes rares.
En 1830, les Tremayne sont les seuls, en Angleterre, à cultiver des ananas.
En 1850, ils commencent une collection de rhododendrons,
dont les troncs font aujourd’hui plus d’un mètre de circonférence.
Tout au long du 19ème siècle, les jardins ont prospéré, s’agrandissant
et nécessitant un personnel plus important pour les gérer.
Avant la première guerre mondiale, le domaine employait 22 jardiniers.
En 1914, beaucoup de ces fidèles jardiniers sont envoyés au front, et après la guerre,
leur nombre a diminué et les jardins ont été abandonnés.
Comme le reste du domaine était loué, les jardins ont été oubliés.
La maison qui est aujourd'hui une propriété privée a été aménagée pendant le conflit
en établissement de convalescence pour les officiers de la force royale.
A l'entrée, nous découvrons le parking du personnel.
Tout terrain, passe-partout, silencieuse, elle peut éviter bien des peines au jardinier.
Véhicule écologique, elle est indispensable pour transporter les matériaux les plus divers,
vive la brouette !
Les jardins perdus d'Heligan se situent à 15 minutes de la ville de St Austell.
Ils ont été nommés ainsi parce qu'ils ont été cachés par des ronces
depuis la fin de la première guerre mondiale jusqu'en 1990,
date à laquelle ils ont été découverts par un parent éloigné du domaine de Tremayne
qui a souhaité les réhabiliter.
Le 16 février 1990, John Willis et Tim Smit, l'architecte qui a conçu The Eden Project,
le plus grand complexe de serres du monde, ont commencé le projet
que le Times aurait appelé "la restauration du siècle d'un jardin"
quand ils ont coupé à la machette leur chemin à travers les ronces emmêlées
et des rhododendrons géants pour découvrir le site
qui était à l'origine un magnifique jardin édouardien.
L'époque édouardienne au Royaume-Uni est la période allant de 1901 à 1910,
c'est-à-dire l'époque du règne d’Édouard VII.
Incroyable la taille du rhododendron, il mesure plus de 26 mètres d'envergure.
Certains spécimens ont été plantés dans les années 1850 au moment du grand boom des rhododendrons.
Deux roues et deux brancards et hop,
à l'instar de la brouette, on peut déplacer le banc comme bon nous semble.
It's an ingenious idea!
Les primevères et les rhododendrons arborent la belle couleur fuchsia.
Les jardins s’étendent sur environ 80 hectares (200 acres) en partie dans une vallée,
menant à la mer sur la côte sud des Cornouailles.
Exceptés les 4 jardins aménagés, la plus grande partie du domaine est boisée
et les allées des promenades sont ombragées.
Mi-mai, les clochettes des scilles forment de beaux tapis bleus dans les sous-bois.
Et au détour d'un chemin, nous découvrons "the Mud Maid",
une femme allongée endormie dans les jardins.
Cette statue est l’œuvre d’un duo d’artistes locaux, Pete Hill et Sue Hill
qui sont frère et soeur, commissionnés en 1997 pour cette création
qui est devenue partie intégrante de la magie des lieux.
La sculpture est en quelque sorte vivante car les plantes et les mousses
qui forment ses habits et ses cheveux changent en fonction des saisons,
lui donnant un aspect totalement différent en été ou en hiver.
Le potager est partagé en espaces réguliers où plus de 200 types de fruits,
légumes et herbes sont cultivés de manière traditionnelle.
Il y a également des fleurs, mufliers, gueules de loup...
Autrefois, les légumes étaient cultivés et servis à la famille Tremayne et à leurs invités,
aujourd'hui ils sont utilisés pour élaborer les repas servis sur place dans le restaurant.
Le parti pris a été de redonner aux jardins l'aspect qu'ils avaient à la fin de l'époque victorienne
dans les années 1890 et de retrouver les techniques employées à l'époque
en irriguant par exemple naturellement les sols : préparer le sol pour qu'il absorbe la rosée
et qu'il conserve les pluies printanières. Certaines plantes en protègent d'autres...
Dans le jardin, les jardiniers s’activent régulièrement car tout est fait à la main;
Le compost et les fumures sont produits localement et les végétaux sont traités sans produits chimiques.
Une soixantaine de personnes travaillent sur le domaine
qui pèse de tout son poids dans l’économie cornouaillaise.
Les jardins abritent le seul châssis à ananas restant en Europe
construit au milieu du XVIIIème siècle, chauffé par du fumier.
Les ananas étaient à l'époque installés dans une fosse chauffée
par la décomposition du fumier entreposé contre les murs extérieurs du bassin,
couvert d'une fine couche de terre et hermétiquement fermée
par des volets en bois pour retenir la chaleur.
Après sa redécouverte, le puits d'ananas d'Heligan a été restauré
et l'expérience a été menée en utilisant 15 tonnes de crottin frais de cheval !
Le premier ananas a été produit en 1997.
Les pêchers profitent de la chaleur emmagasinée par les murs en brique
et des pommiers encadrent l'allée qui traverse le jardin.
Mi-mai, la glycine nous offre sa splendide floraison en grappes violettes.
Ah le gazon anglais ! Même piétiné, leur green reste touffu et dru comme une belle moquette
et les anglais profitent du moindre rayon de soleil pour se prélasser dans l'herbe.
Dans cet espace du jardin, la dominante est blanche
avec la splendide floraison printanière du Davidia involucrata »,
l'arbre au mouchoirs avec ses bractées blanches.
Les bancs sont encadrés de deux imposantes jarres plantées d’arums blancs.
Nous découvrons un petit jardin à l'italienne avec au centre gravillonné
un arbre très âgé dont le tronc est buriné par les années.
Dans le pavillon d'été, on peut se poser à l'ombre sous un préau ouvert sur un patio.
Le centre est occupé par un bassin avec une fontaine encadrée
par des massifs de petits arbustes et de vivaces.
Au sud une haie ondulante taillée en arche
cadre la vue sur la campagne avec la mer en arrière-plan .
Plus loin, nous passons à côté des fougères arbustives exubérantes.
L'endroit le plus spectaculaire du jardin est le "jungle Garden",
la jungle qui couvre un ravin vertigineux.
Il est nommé ainsi non pas à cause du fouillis végétal
mais parce qu'il abrite plusieurs plantes tropicales.
Bénéficiant d'un terrain riche et humide et d'un micro-climat protégé des vents du nord,
des espèces exotiques ont été introduites entre 1890 et 1910.
Des pièces d'eau alimentent une foison de plantes.
Pour prendre de la hauteur et avoir quelques sensations branguebalantes,
il est amusant de traverser le vallon par la passerelle des singes
et de sautiller pour avoir plus de sensations. 😃
Sur les coteaux escarpés, la végétation est très serrée,
c'est un foisonnement de nombreuses espèces de rhododendrons,
de camélias, de magnolias, de cryptomeria, sequoia et araucaria...
La chaleur et l’humidité engendrent une croissance extraordinaire de nombreuses espèces.
On est en mai et les rhubarbes géantes ou Gunnera du Brésil
ont déjà une belle taille qui va continuer à pousser.
Nous terminons la visite par la ferme avec ses poules, ses chèvres, ses moutons
et ses cochons de Tamworth, réputés pour leur nature curieuse et leur manteau roux,
c'est la plus ancienne race de cochon indigène du Royaume Uni.
Nous avons passé un agréable moment dans les jardins perdus d'Heligan.
Les jardins sont intéressants avec ses chemins arborisés, son potager cultivé de façon écologique
et ses petits jardins aménagés de façon sympathique.
Dans le prochain billet, nous quitterons les Cornouailles pour aller à Londres,
les bonnes choses ont une fin et avant le retour en Eurostar,
nous irons nous promener dans les jardins botaniques royaux de KEW.
Alors à bientôt