Iles Borromées "Isola Madre"
Encerclée de montagnes, perdue au milieu des eaux bleu sombre du lac Majeur,
Isola Madre n'a pas le caractère extravagant d'Isola Bella.
220 mètres de large et 330 mètres de long, c'est la plus grande des îles de l'archipel borroméen.
A l'entrée du jardin, on découvre un bassin avec une montée de marches en arrière plan.
Cette entrée me fait penser au jardin de Carlotta
mais en bien plus modeste car ce dernier a trois volées d'escaliers.
Des iris, des nénuphars poussent dans le bassin.
Dans les pots, il y a des pensées jaunes et de jolies petites fleurs roses qui ressemblent à des marguerites,
ce sont probablement des anthemis, des marguerites des Canaries.
Quelques palmiers suffisent à apporter une note exotique à la terrasse.
La chapelle sépulcrale de style néo-gothique est agrémentée de terre cuite.
Et au-delà, le regard s'évade sur le lac Majeur et les Préalpes.
Isola Madre était à l'origine un rocher et il faut grimper pour accéder au palais.
Une belle glycine blanche chapeaute les escaliers.
À la fin du XIXe siècle, le comte Vitaliano IX, passionné de botanique et naturaliste renommé,
sème à tout vent des graines glanées par des correspondants aux quatre coins du monde.
Il plante des espèces alors inconnues et échange des variétés avec le jardin botanique de Florence.
Cinq mille graines et petits plans prennent le chemin du rocher.
Un exceptionnel jardin d’acclimatation prend forme.
L'eau du lac Majeur tempère la chaleur de l’été et adoucit la rigueur de l’hiver.
La douceur du climat a permis à une flore venue d'autres latitudes de s'acclimater sur l'île.
Et ici tout pousse de manière spectaculaire, c'est ce que nous allons voir.
Mais avant de nous aventurer dans le jardin, découvrons le Palazzo Madre.
Construit entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le palais est un édifice au charme suranné.
C’est en 1978 que la Princesse de Borromée rénove le Palais pour le transformer en musée.
Le bâtiment abrite, outre des objets et des meubles du passé
tels que les peintures des XVIe et XVIIe siècles,
une salle à manger, une salle de jeux, une salle de poupées en bisque porcelaine,
des chambres, un théâtre de marionnettes.
La dernière salle de la visite est aussi la plus claire et la plus gaie,
avec des murs et une voûte richement décorés en trompe l’oeil, et un lustre en cristal.
Sur la terrasse du palais,
on peut admirer un arbre de plus de 25 mètres de hauteur qui a une histoire extraordinaire.
" L'histoire du cyprès de Cachemire
L'imposant cyprès de Cashmir , arrivé ici en 1862 de l'Himalaya
dans un sac de graines fraîches et devenu au fil des ans un symbole d'Isola Madre,
fait de l'ombre au Palais .
C'est le plus grand et le plus ancien spécimen d'Europe de son espèce qui,
dans sa patrie au Tibet, est en danger d'extinction.
La tornade qui a frappé le nord d'Isola Madre en juin 2006
a également laissé sa marque sur cet arbre gigantesque.
Sa sauvegarde a été une opération de haute ingénierie et de botanique.
Bien qu'il ne revienne jamais aux formes qui en ont fait "le plus bel arbre du monde",
le grand cyprès d'Isola Madre reste le témoin du dévouement de la famille Borromeo
à la conservation du patrimoine naturel. "
(https://www.isoleborromee.it/fr/isola-madre : ici )
On ne fait pas la visite du jardin tout seul.
Une cohorte d'oiseaux bigarrés nous accompagne tout au long de la balade,
des paons bleus ou blancs, des perroquets
des faisans communs, dorés ou argentés (noirs et blancs, à tête rouge).
Isola Madre ne ressemble pas du tout à Isola Bella.
Elle a un caractère plus sauvage, c'est un parc à l'anglaise plus qu'un jardin proprement dit.
Jeudi 12 mai 2022, il faisait 22°C et on a apprécié la promenade ombragée sur cette île
bien plus tranquille qu'Isola Bella.
Au gré des chemins paysagers, on peut admirer de belles fougères arborescentes,
une forêt de rhododendrons gigantesques.
Ceux-là sont très âgés et on déambule autour de leurs troncs dénudés.
Il n'y a pas que les bambous qui montent très haut,
les camélias grimpent ici à des tailles gigantesques.
Ce sont Gilbert V Borromée et son fils Vitalien IX Borromée,
qui ont voulu cultiver le camélia à la fin du XIXe siècle sur Isola Madre.
Le jardin botanique de l’Isola Madre a été l’un des premiers d’Italie à accueillir cette fleur.
Il abrite aujourd'hui une riche collection de camélias anciens
et certains spécimens atteints de gigantisme
forment des murs hauts de plusieurs mètres.
Célébrée par les poètes et les écrivains du monde entier,
considérée comme un symbole d’immortalité dans l’Antiquité,
choisie par Coco Chanel comme motif décoratif dans ses créations,
la fleur du camélia est considérée comme étant porteuse de beauté parfaite et de supériorité.
L’offrir en cadeau est un message d’estime.
Une fois défleuries, les fleurs de camélia tombées au sol forment des tapis.
Ici elles s'harmonisent avec les pensées.
Grâce à des conditions climatiques favorables,
Isola Madre accueille des agrumes méditerranéens, des myrtes et des bananiers...
Voici musa japonica, le bananier du Japon
A gauche, les baies noires sont les fleurs d'un fatsia. C'est la première fois que j'en vois.
A côté les fleurs d'un hydrangéa.
Au premier plan du massif se dresse un magnifique eucalyptus et au fond on devine un pittosporum.
Des camélias alternent avec des fougères.
Depuis 2002, Isola Madre fait partie du prestigieux circuit anglais
de la “Royal Horticultural society”.
On comprend pourquoi Flaubert avait écrit en 1845 "Isola Madre est un paradis sur terre".
Dans un prochain billet, nous irons visiter un autre paradis,
nous découvrirons les jardins de la villa Taranto sur les bords du lac Majeur.
Alors à bientôt