L'abbaye de Fontenay et ses jardins [21500 MONBARD]
Savez-vous que la Bourgogne-Franche-Comté possède huit biens
inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO
et qu'elle est ainsi, avec l'Occitanie, la région qui en compte le plus en France.
On y trouve notamment les climats des vignobles de Bourgogne, la grande saline de Salins Les Bains,
la Saline royale d'Arc et Senans, la citadelle de Besancon...
et l'abbaye cistercienne de Fontenay.
Propriété privée, l'abbaye de Fontenay est un des premiers monuments français
à avoir été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981.
Construite entre 1139 et 1147,
elle est l’une des rares abbatiales cisterciennes du XIIe siècle parvenue intacte jusqu’à nos jours.
A la révolution française, les huit derniers moines quittent l'abbaye qui est vendue comme bien national.
Elle est reprise comme bâtiment industriel, tout d'abord comme papeterie,
ce qui a permis de préserver l'ensemble des bâtiments de style roman.
Elle est rachetée ensuite en 1820 par Elie Montgolfier, un neveu des inventeurs des ballons.
Au fur et à mesure,
d’autres membres de la famille Montgolfier se succèdent en tant que propriétaires jusqu’en 1905,
année de fermeture de la papeterie, victime de la guerre de 1870 et de la révolution industrielle.
Elle restera toutefois toujours dans la même famille et aujourd'hui encore,
ce sont leurs descendants, la famille Aynard, qui assurent la restauration
et la préservation de l’ensemble des bâtiments de style roman.
Avant d'aller visiter les jardins, allons découvrir les bâtiments.
Le pigeonnier
L'abbaye de Fontenay est souvent prise comme exemple
pour illustrer le plan typique de l'abbaye cistercienne.
Toutes les abbayes reprennent le même principe :
une église adossée au cloître et toutes les pièces des moines réparties autour de cet espace central.
Les bâtiments de travail sont séparés des espaces de prière et de vie.
L’église abbatiale
Il y a l'intelligence artificielle qui fait -paraît-il- des exposés remarquables.
Mais rien de tel que le site de l'abbaye de Fontenay pour avoir des explications.
Pour commenter les photos, j'ai repris les descriptifs développés sur le site de l'abbaye
qui sont complets et très clairs et auxquels je n'ai rien à ajouter. Cf : ici
" Selon la volonté de Saint Bernard et du chapitre général de l’Ordre de Cîteaux,
rien dans l’église ne vient distraire l’œil afin que tout l’être soit tourné vers Dieu lors des offices quotidiens.
C’est pourquoi cet édifice fut construit dans une grande simplicité
et constitue un modèle typique d’architecture romane bourguignonne :
plan en croix latine, façade dépouillée, chapiteaux sculptés de motifs simples de feuillage,
rang unique de fenêtres latérales.
Cette simplicité cache de nombreux détails et une attention particulière des moines bâtisseurs
pour l’harmonie et la symbolique, notamment en ce qui concerne les proportions ou le nombre de baies.
On y trouve un remarquable retable sculpté du XIII ème siècle.
Le dortoir
"Le dortoir des moines situé à l’étage est une vaste salle,
couverte d’une magnifique charpente en chêne du XVe siècle
qui évoque la coque d’un navire renversé, la charpente originale ayant été détruite dans un incendie.
Le toit du dortoir de Fontenay est surmonté d’un discret clocheton.
Les moines y dormaient, tout habillés, sur de simples paillasses espacées.
Des chambres individuelles seront ensuite aménagées à la fin du Moyen Âge.
Les moines empruntaient l’escalier menant à l’église
pour se rendre à l’office de nuit, qui se tenait vers 2h30 du matin. "
Le cloître
Le cloître est le cœur du monastère.
Alors que beaucoup de cloîtres ont été détruits, celui de Fontenay est resté intact depuis le XIIe siècle.
Dans l’art cistercien, le cloître est carré car « c’est la forme géométrique
qui symbolise l’Homme et ses quatre dimensions :
corporelle, intellectuelle, spirituelle et relationnelle »
Chaque côté dessert donc une de ces dimensions, cuisine et réfectoire,
scriptorium et salle capitulaire, abbatiale, cellier et hôtellerie.
Plus précisément et symboliquement, "L’Est est le lieu où le soleil se lève ; on adhère à la foi.
En partie supérieure se trouvaient les logements des chanoines.
C’est par là qu’ils accédaient à l’église.
Le Sud est la vie, la résurrection. On inhume au sud pour attendre le banquet éternel.
Derrière se trouvait le réfectoire.
La galerie Ouest est le rejet de soi.
On exerce la charité aux autres, grâce aux greniers et aux réserves qui y sont accolés."
Cette merveille de l’art roman a été conçue aussi bien comme espace de communication
entre toutes les salles du monastère que comme lieu de méditation.
Les galeries forment un rectangle de 36 m sur 38 m dégageant une grande impression d’homogénéité,
malgré une variété de piliers, colonnettes et chapiteaux
qui témoignent tous de la sobriété de l’architecture cistercienne.
La salle capitulaire
La salle capitulaire, qui communique directement avec le cloître, est un lieu important de la vie monastique.
Dans cette pièce, tous les moines formant la communauté se réunissaient chaque matin.
Un chapitre de la Règle de Saint Benoît était lu et commenté (d’où le nom de la salle),
avant que le travail quotidien ne soit réparti entre les moines.
Cette salle servait également à partager les nouvelles des autres Abbayes,
à élire les abbés, et à la confession publique des fautes.
Quoique bien conservée, cette salle a été amputée d’une travée à l’époque des moines,
ce qui explique la présence aujourd’hui de piliers engagés dans le mur extérieur.
La forge
Une forge a été édifiée à la fin du XII ème siècle à l’écart des bâtiments à vocation religieuse du monastère,
de manière à bien marquer la séparation entre la prière et le travail,
qui constituaient les deux activités des moines.
Ce bâtiment, qui mesure plus de 50 m de long,
est renforcé par une série de puissants contreforts qui évoquent une activité intense.
Les archéologues, qui ont étudié la Forge de Fontenay et les mines de fer avoisinantes,
considèrent qu’il s’agit d’une des plus vieilles usines métallurgiques conservées en Europe.
La vente de la production de la Forge procurait à l’Abbaye des ressources financières importantes.
Un marteau hydraulique a été reconstitué en 2008
dans le cadre d’un projet européen impliquant 7 lycées techniques.
Ce marteau est une réplique fonctionnelle des marteaux qui devaient être utilisés par les moines.
En 1996, les propriétaires de Fontenay ont confié au paysagiste anglais Peter Holmes
le soin de redessiner les jardins de Fontenay,
sans chercher à reproduire les anciens jardins monastiques.
Les jardins
Ces nouveaux jardins s’articulent autour de plusieurs espaces entre les bâtiments et derrière l’église.
Trois personnes, assistées d’entreprises extérieures,
assurent leur entretien au cordeau tout au long de l’année.
Au milieu de ces aménagements récents trône un imposant platane bicentenaire,
planté en 1780, mesurant environ 40 m de haut avec une circonférence de 6 m.
Les jardins de Fontenay ont reçu le Label National « Jardin Remarquable » en 2004
décerné par le Ministère de la Culture et de la Communication.
L'eau est omniprésente.
Le site est un ancien marécage boisé qui a été drainé et aménagé par les moines
pour le rendre habitable et en utiliser les ressources, forêts et aménagements hydrauliques.
Les cisterciens se distinguent en effet par leur maîtrise de l'irrigation et de l'hydraulique.
Aujourd'hui, il subsiste sept étangs et plusieurs cours d'eau.
Deux sculptures de chiens rappellent l’emplacement de l’ancien chenil.
Les moines de Fontenay gardaient en pension les chiens de chasse des ducs de Bourgogne.
Le jardin des simples
Les moines cultivaient des plantes médicinales et les légumes
(nécessaires à leur alimentation pauvre en viande)
dans le grand jardin situé à l’Est des bâtiments conventuels, qu’on aperçoit depuis les fenêtres du dortoir.
" Ce jardin a été réaménagé après la seconde guerre mondiale en un jardin classique
dont les lignes sobres s’accordent parfaitement avec l’architecture de Fontenay. "
Jardin temporaire
" Depuis 2022, l ’Abbaye de Fontenay renoue avec son passé en proposant un jardin des simples
composé de plantes médicinales, aromatiques, condimentaires et tinctoriales.
Ce jardin, en face de l’église abbatiale, sur la façade nord, dans une clairière en lisière de forêt.
se présente sous forme d’expositions temporaires d’une durée de 3 à 5 ans.
Pour la première exposition, le jardin rencontre Hildegarde de Bingen,
abbesse visionnaire et naturaliste du Moyen-Âge.
L’aménagement de ce jardin a été élaboré à partir de sa philosophie
et des listes de plantes issues de ses ouvrages . "
" Hildegarde de Bingen est une Abbesse bénédictine allemande,
célèbre pour ses visions et ses nombreux écrits mystiques du Moyen-âge.
Mais cette religieuse a écrit aussi de nombreux ouvrages sur des sujets
aussi variés que la médecine, le chant, la cuisine, les roches, les animaux.
L’abbaye de Fontenay rend hommage à son talent de naturaliste et botaniste.
Cette célébration est l’occasion de faire découvrir dans le nouveau jardin de l’abbaye ses autres facettes."
Le jardin forme un carré parfait, rappelant celui du cloître,
aussi bien dans sa forme géométrique que dans ses proportions
" Un regain d’intérêt se porte aujourd’hui vers la médecine douce de Sainte Hildegarde
et ses connaissances multiples en matière de botanique.
Le travail encyclopédique de Sainte Hildegarde a permis de rassembler un savoir considérable,
à une époque où la connaissance suscite de nouveaux intérêts.
La médecine du Moyen-Age est cependant largement inspirée du savoir d’auteurs anciens,
dont Dioscoride (ler siècle), eux-mêmes inspirés de la médecine gréco-latine d’Hippocrate et d’Aristote.
Les connaissances de la sainte sont plus complètes puisqu’elle décrit de nouvelles plantes,
introduites en Occident par les Arabes.
Son approche est également plus originale.
L’âme et le corps forment un tout et la santé de l’âme passe par la bonne santé du corps. "
La visite de l'abbaye et de ses jardins est ressourçante.
La sobriété et le calme des lieux sont apaisants.
C'est un espace hors du temps qui nous fait ralentir le pas et savourer le moment présent.
J'ai bien apprécié cette visite.
La beauté des lieux a servi de décors pour de nombreux films et téléfilms
comme "les trois mousquetaires (1961), Angélique, marquise des anges, Cyrano de Bergerac..."
Dans le prochain billet, nous irons en Lorraine faire un petit tour dans mon jardin.
Alors à bientôt