Les jardins du château de Cormatin [71 460]
En septembre dernier, nous sommes allés faire un circuit des églises romanes en Bourgogne.
Nous avons visité Fontenay, Tournus, Ozenay, Brancion, Chapaize, Gengoux le National, Malay...
Nous en avons profité pour revoir les Hospices de Beaune, l'abbaye de Citeaux
et découvrir les jardins du château de Cormatin situés à 13 kilomètres au nord de Cluny.
C'est dans ces jardins que nous allons nous promener aujourd'hui.
Journée du patrimoine, il y avait du monde dans les lieux ouverts à la visite.
Après une longue allée boisée, nous découvrons le château du XVIIème siècle.
Créés vers 1620, remaniés à « l’anglaise » vers 1785,
les jardins du château ont disparu en 1815, lorsque les terrains ont servi à combler les douves.
En 1988-89, le recreusement des fossés a permis de reconstituer la plate-forme des jardins.
Plus de 13 000 m3 de terre ayant été déplacés, les parterres,
bosquets et le labyrinthe ont été replantés de 1990 à 1993.
Sur 10 ha, les jardins reconstitués offrent les différentes ambiances d'un parc du début du XVIIème siècle :
vaste parterre fleuri, labyrinthe de buis, belvédère, bosquets,
théâtre de verdure, potager et pièces d'eau.
Nous commencons la visite par le potager adossé à un corps de ferme.
Le bâtiment est bordé d'un parterre dans lequel poussent
des dahlias roses, blancs, jaunes, pourpres et des yuccas.
La terrasse de l'orangerie accueille un figuier planté en pleine terre
et des orangers, des palmiers, des yuccas en pots.
J'imagine qu'après des heures de désherbage, de binage, de repiquage et d'arrosage,
fourbus mais satisfaits, nos braves jardiniers ont plaisir à se poser sur la terrasse
pour contempler le fruit de leur travail.
Et ils peuvent être ravis car en cette fin d'été, les couleurs dans le potager sont chaudes et lumineuses.
Fleurs et légumes cohabitent en composant une trentaine de carrés
mêlant textures, formes et couleurs et c'est sympa.
Dahlias, cosmos, tournesols, amarantes queue de renard... sont à leur apogée.
Quelle belle idée de palisser les variétés coureuses de cucurbitacées sur des tonnelles,
c'est décoratif, les légumes profitent du soleil et c'est un gain de place dans le potager.
La cuisinière a de quoi faire avec les choux, fenouil, poireaux, aubergines, salades ...
Le potager est séparé de la terrasse par des topiaires
et sur l'extérieur par une haie taillée au cordeau.
On passe la grille pour s'aventurer dans le parc.
L'tinéraire n'est pas balisé, le promeneur peut errer comme bon lui semble.
On peut admirer les douves qui entourent le château.
Alphonse de Lamartine séjourna souvent au château de Cormatin
parce que le lieu était propice à la rêverie
mais aussi parce qu'il était épris de l'une des dames des lieux, Nina de Pierreclau.
À partir de 1981, le président François Mitterrand, amateur de Lamartine, y fera des passages réguliers.
En mai 1993, après le traditionnel pélerinage de la Pentecôte à Solutré,
il y est venu avec Mikhaïl Gorbatchev.
Nul doute qu'ils ont du apprécier la promenade dans l'allée Lamartine plantée de 130 tilleuls.
L'endroit doit être exquis quand les arbres en fleurs dégagent leur doux parfum.
A l'écart du château, un théâtre de verdure de 300 places
est utilisé chaque été pendant le festival de Cormatin.
Chuuut, les artistes se préparent et se concentrent avant d'entrer en scène.
« O temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent,
Oubliez les heureux."
"Le Lac" Méditations XIII. Alphonse de Lamartine
A gauche, le chêne tricentenaire est un vestige des jardins aménagés vers 1785.
Ce grand chêne d’une hauteur de 15 mètres bénéficie du label Arbre Remarquable de France.
Alain Desbrosse, auteur d’un livre sur les arbres remarquables de Bourgogne,
explique sans mal la vigueur de ce chêne d’une circonférence de 5,67 mètres :
« Ayant grandi sans concurrence aucune de ses semblables, à l’abri de la dent des troupeaux,
au bord d’une pièce d’eau pour étancher ses soifs estivales, il a pu prendre toutes ses aises
et même laisser s’appuyer trois de ses grosses branches basses au sol. »
Mais ô malheur, ce colosse n'a pas pu résister aux canicules des dernières années.
Comme tant d'autres partout sur la planète, il a rendu l'âme terrassé par le réchauffement climatique.
Le canal s'étend sur 220 mètres de long.
On va prendre de la hauteur en grimpant dans la volière belvédère
où nous aurons une belle vue sur le labyrinthe.
Ce labyrinthe est un carré de 45 mètres de côté et 3 000 buis forment les allées.
" Le labyrinthe symbolise les épreuves de la vie humaine
après la faute originelle
et la volière-belvédère est la récompense céleste offerte à ceux qui ont su vaincre les difficultés...
La coupole de fer forgé (Michel et J.Y. Bouillot, ferroniers - 1990) est formée de cœurs enlacés
pour rappeler que le paradis est l’union des âmes dans l’amour de Dieu..."
Du haut de la volière la vue sur le jardin est intéressante.
Quatre tortues se prélassent dans la fontaine.
Michel Baridon, spécialiste de l'histoire du XVIIIe siècle,
des jardins et du paysage a écrit au sujet de Cormatin :
« C’est le fait de tous les grands jardins que de retrouver cette harmonie
entre le monde intellectuel des cabinets de lecture
et le monde toujours vivant des fleurs et des arbres »
Nous avons été agréablement surpris par les jardins du château de Cormatin.
On y a passé un bon moment et j'ai bien aimé l'aspect sauvage du parc avec le miroir d'eau.
Les extérieurs du château de Cormatin sont, au même titre que les intérieurs,
classés aux Monuments historiques.
Dans le prochain billet, nous irons nous promener dans les jardins de l'abbaye de Fontenay.
Alors à bientôt