Le Jardin Floral du Château de Digeon [80290 MORVILLERS-SAINT-SATURNIN]
Dimanche 10 juillet 2022, direction le jardin floral du château de Digeon
situé à une quarantaine de kilomètres au sud ouest d'Amiens.
Derrière les grilles, nous découvrons une imposante bâtisse en briques roses, élégante et cossue
qui s'élève devant une pelouse où trônent des arbres à la taille impressionnante.
Le château de briques et de pierres présente un style néo-classique du 19ème siècle .
En longeant le château sur le côté, on découvre une ferme bien entretenue.
La ferme modèle de Digeon est un exemple remarquable
de l'essor de l'agriculture moderne sous Napoléon III [1808-1873]
Il s'agit de construire grand, rationnel et fonctionnel.
La volonté de gérer le plus rationnellement possible l'espace de l'entreprise agricole
et de développer de nouvelles cultures, comme la betterave à sucre,
d'améliorer la qualité des semences et du cheptel,
passe par l'ingéniosité d'ingénieurs agronomes,
dont les concours agricoles entre 1866 et 1870 montrent le dynamisme.
A l'époque, architecture et agriculture sont étroitement liés.
Les agriculteurs dynamiques de la région de Picardie
connaissent bien la nature des sols de leur exploitation
et s'efforcent de les améliorer le plus possible.
A Digeon, le propriétaire de l'époque va utiliser les eaux de la Bresle
" pour transformer les médiocres pâtures marécageuses en plantureuses prairies flottantes".
On s'équipe d'un outillage moderne et performant...
Cette agriculture spéculative s'accompagne donc de bâtiments adaptés.
La ferme de Digeon a été primée par l’empereur Napoléon III lors d’un concours de ferme modèle.
La disposition de la ferme en arc de cercle composée de huit bâtiments est originale.
La ferme fut exploitée pendant une centaine d'années jusqu'aux années 1960
où les terres furent vendues.
En 1987, Ludwine et Bruno Guisque achètent la propriété et entreprennent la restauration
et la création des jardins.
A l'époque, il restait deux hectares et demi de terrain autour des bâtiments.
Depuis avril 2017, leur fils et son épouse ont pris le relais.
Le jardin se compose de trois parties, la roseraie, le parc et le potager.
On accède au jardin de roses en passant sous le porche de la ferme
et en traversant les vestiges de l'ancienne grange.
Une table en mélèze et des tabourets champignons en ginkgo
nous invitent à faire une pause avant de poursuivre la visite.
On est accueilli par une armée d'ifs taillés en topiaire et ça me plaît.
Avec la collerette engazonnée entourant leur pied,
ils semblent être simplement posés sur l'allée gravillonnée.
Des rosiers sur tige font écho aux silhouettes élancées et coniques des conifères.
A part les conifères, tout est en rondeur dans la roseraie,
les rosiers sur tige,
les parterres.
Les propriétaires ont choisi des roses plutôt modernes
car les variétés anciennes n'étaient pas assez remontantes à leur goût.
La roseraie n'est pas une exposition de roses, un étalage sans âme de la reine des fleurs.
Non, ici l'endroit est chaleureux et joyeux.
Les roses s'épanouissent à l'ombre des arbustes, des arbres
et en compagnie d'autres vivaces. Mi-juillet, la lavande est à l'honneur
mais il y a aussi des lysimaques, des hostas, des roses trèmières..
Après avoir flâné autour des massifs, il faut prendre le temps de s'asseoir sur le banc en pierre
pour admirer la roseraie sous un autre point de vue.
Dernier coup d'oeil sur la roseraie à travers les grilles.
On s'éloigne des bâtiments pour découvrir le parc.
L'endroit est apaisant, propice à la détente.
Vestiges de l'ancienne pâture,
un alignement de sequoias centenaires dessinent les contours de la propriété.
Devant eux, des arbres ont été plantés dans les années 1990
en laissant une large place au gazon afin de créer un parc à l'anglaise :
sapin bleu, chêne doré, tulipier, noisetier de Bysance, cèdre du Liban....
Compte tenu du terrain propice, ils ont développé rapidement de belles statures.
Regardez la circonférence impressionnante de celui-ci, on se sent tout petit à côté de ce géant.
Le potager de 4 000 m2 forme un rectangle de 80 mètres sur 50 mètres.
Des rosiers liane à la floraison généreuse habillent les grilles du potager.
Le potager est divisé en 4 parcelles par de grandes allées en gazon
surmontées d’arches de charmilles taillées.
Si on est patient, on peut réaliser des bordures à moindre frais.
Ici, les bordures de buis ont été créées par les propriétaires à partir de quelques buis-mères.
Quand Lidwine et Bruno ont acheté la propriété en 1987, la famille comptait alors 6 enfants en bas âge.
On comprend pourquoi ils ont commencé la restauration du jardin par le potager
qui devait être avant tout nourricier.
On y trouve des artichauts, choux, pommes de terre, tomates, concombres, potirons, maïs...
Aujourd'hui, de plus en plus de fleurs s'invitent au potager
en se mêlant harmonieusement aux légumes.
Le premier dahlia cactus rouge orangé est en fleurs.
Côté nord du potager, les massifs sont circulaires.
Un saule crevette sur tige crée un point lumineux dans le massif.
Le mélange des couleurs est subtil
et la diversité végétale protège le potager des gros dégâts de parasites et de maladies.
Bien évidemment toute la production est "bio".
Les plantes sont plantées en grande masse pour un maximum d'effet, comme ces spirées.
J'ai adoré me promener dans ce potager parce qu'il foisonne de couleurs, il est ombragé, intime.
Son aspect naturel cache sans aucun doute un gros travail d'entretien.
Une petite pièce d'eau participe à la biodiversité.
Clos de murs de briques de trois mètres de hauteur, le jardin est bien protégé
des gelées tardives au printemps et précoces à l'automne, fréquentes dans la région.
Avant de quitter les lieux, on s'est renseigné auprès de la propriétaire
sur une plante qu'on ne connaissait pas et qui est omniprésente dans le jardin.
Il s'agit de la mûre japonaise, " Rubus phoenicolasius " qui forme un buisson décoratif .
Ses fruits virent du rouge orangé au rouge cerise à mâturité
et se consomment frais ou en confiture.
Très résistante au froid et de croissance rapide, elle a beaucoup d'atouts.
Alors on s'est laissé tenter et on a acheté un pied de cette mûre japonaise.
On s'est promené deux heures dans le jardin remarquable du château de Digeon
et ça nous a fait un bien fou !
Alors que la canicule s'abattait sur le reste de l'hexagone,
on a apprécié la chaleur modérée de ce 10 juillet (22°C) dans la Somme
et l'ombre prodiguée par les nombreux arbres du jardin.
Après la visite, on a pique-niqué à côté de la propriété au bord d'un étang ombragé
avant de continuer la balade dans un jardin d'un style tout à fait différent.
Ce sont des journées comme je les aime!
Situé à une quinzaine de kilomètres du château de Digeon,
il y a un jardin privé d'inspiration japonaise, le Jardin de LY à [80140] SENARPONT.
C'est ce que nous verrons dans le prochain billet.
Alors à bientôt